Dans la Soupe Vatnik du jour, nous expliquons le fiasco du sommet Trump-Poutine en Alaska, et comment il marque la culmination de la trahison du président américain envers l’Ukraine. En guise de pourparlers de paix bien intentionnés, un spectacle embarrassant d’humiliation au service de Poutine.

Commençons par l’évidence : Trump est vieillissant et ne semble pas toujours avoir toute sa tête, ni comprendre les enjeux, raisons et gravité du conflit. Son imprévisibilité, jadis présentée comme un avantage contre la Russie, semble désormais au contraire la favoriser.

Le déroulement du sommet aura laissé tout le monde confus, même Fox News (chaîne préférée de Trump, qui lui est généralement favorable). Survol de B-2 : honneur, menace, fuite de secrets, ou simple frime ? Les plans du déjeuner oubliés dans l’imprimante… déjeuner d’ailleurs annulé, le sommet ayant été écourté sans explications.

Que s’est-il passé, et que cherche vraiment Donald Trump par son attitude étrange envers l’Ukraine ?

Une possibilité est qu’il convoite (maladroitement, sans guère de cohérence) la médaille dorée du prix Nobel de la paix, jaloux d’Obama qui en a reçu une (sans avoir fait grand-chose pour la mériter). C’est pour cela qu’il joue au faiseur de paix…

… partout et à n’importe quel prix, quitte à aider l’agresseur : Israël-Gaza, Azerbaïdjan-Arménie, Inde-Pakistan, et bien sûr Ukraine-Russie.

Autre théorie : Poutine détiendrait des vidéos ou documents compromettants (kompromat) qui mettraient Trump en fort mauvaise posture — dossier Epstein ou preuves de l’ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine de 2016.

L’ex-chef du KGB du Kazakhstan, Alnur Mussayev, a même affirmé que Trump aurait été recruté par l’URSS en 1987 à Moscou sous le nom de code « Krasnov ». Aucune preuve solide, mais le comportement de Trump vis-à-vis de la Russie est certainement étrange depuis ce voyage suspect :

• Le 4 juillet 1987, Trump s’est envolé pour Moscou (avec son épouse tchécoslovaque Ivana) ;
• Le 2 septembre 1987, l’homme d’affaires américain sans aucun rôle politique a soudainement publié des annonces pleine page dans trois journaux importants sur le thème de l’aide géopolitique aux alliés ;
• Il les a payées 94 801 dollars de l’époque (270 000 dollars actuels), de sa propre poche.

La mise en place du sommet fut désastreuse dès le départ : l’agent immobilier préféré de Trump, Steven Witkoff, est allé à Moscou sans aucune expertise ni traducteur officiel. Les agents du Kremlin l’ont à nouveau manipulé en changeant leurs exigences après la réunion.

Même le choix du lieu favorisait Poutine : l’Alaska, vendu par un tsar précédent aux États-Unis, est à nouveau convoité par l’Empire russe. Accueillir l’envahisseur criminel Poutine à bras ouverts sur un territoire qu’il rêve d’obtenir : une belle victoire symbolique pour le Kremlin.

Certains gardaient pourtant espoir, car Trump avait promis à l’Ukraine toute l’aide nécessaire et de « très graves conséquences » pour Poutine en cas de refus russe d’un cessez-le-feu. Bien sûr, c’était un mensonge de plus, comme son fameux « je mettrai fin à la guerre en 24h »…

… ou ses « ultimatums » réitérés toutes les deux semaines depuis des mois. Aujourd’hui, plus de doute : Trump n’a aucune intention de punir son cher Poutine. Moscou aura tout obtenu : des photos de Poutine avec Trump, un retour en force sur la scène mondiale, et pire :

…soldats américains à genoux devant l’avion du dictateur, le tapis rouge et déjeuner en son honneur, images d’un Trump fatigué face à un Poutine triomphant et conférence de presse où Poutine aura volé la vedette.

Une Amérique apparaissant faiblichonne, malgré son statut incontestable de superpuissance militaire et économique, face à une Russie au PIB inférieur à celui de l’Italie.

Sans parler du fait que Poutine est recherché par la Cour pénal internationale (CPI) pour l’enlèvement d’enfants ukrainiens. C’est un criminel de guerre génocidaire qui devrait être traité comme tel.

Tortures and sexual abuses

Mais même Fox News a admis que Trump s’est au contraire écrasé devant le dictateur russe.

Après le sommet, Trump s’est enfui lâchement sur son parcours de golf, laissant Rubio gérer la débâcle.

Celui-ci a déclaré qu’il n’y aurait pas de sanctions après tout — une échéance sans suite de plus ! Il a prétendu que la Russie avait fait des concessions, mais a refusé d’en nommer une seule.

Le lendemain, Trump lui-même en a bien formulé deux, mais pour l’Ukraine : pas d’adhésion à l’Otan et abandon de la Crimée — une capitulation qu’il promeut depuis deux ans.

« L’Art de la négociation » façon Trump.

Mais jugeons ses actes, pas ses paroles. Il a :

– Dissous l’application des sanctions ;
– Coupé le suivi des enfants enlevés ;
– Bloqué l’aide votée par le Congrès ;
– Saboté le plafonnement du pétrole au G7 ;
– Gelé la mise en commun de renseignements ;
– Fait voter contre une résolution de l’ONU condamnant la guerre.

Or, les États-Unis dans leur ensemble soutiennent l’Ukraine, tant la population que le Sénat : 83 sénateurs sur 100 approuvent de fortes sanctions contre Moscou. Mais Trump a reporté le vote crucial sous prétexte du sommet.

Et la guerre continue.

Son gouvernement est en effet rempli de vatniks notoires, bien connus de nos services : Vance, Gabbard, RFK Jr., etc. refusent de condamner l’invasion et relayent la propagande russe. La politique étrangère américaine est ainsi prise en otage par une clique de larbins du Kremlin.

Et Trump lui-même brûle d’envie de refaire des affaires avec la Russie.

En Alaska, Poutine lui a resservi les mêmes mensonges sur l’« élection volée » de 2020 tout en minimisant l’aide du Kremlin en 2016, quand Trump entra pour la première fois à la Maison-Blanche.

Trois jours après le sommet, Trump a rencontré Zelensky à Washington, sans tapis rouge. En présence de dirigeants européens, l’échange a été plus courtois que le précédent, mais Trump n’a rien promis : aucune garantie réelle de sécurité ni mesure concrète vers la paix.

L’agent immobilier Witkoff, ce plaisantin, a affirmé que Poutine allait voter une loi promettant de « ne pas attaquer d’autres pays européens ». Une triste blague : une loi similaire existe déjà en Russie, mais n’a évidemment pas empêché l’invasion de l’Ukraine.

À noter aussi l’interdiction des mercenaires, comme par exemple l’organisation terroriste Wagner, pourtant non seulement tolérée mais même financée par l'État russe.

Alors que Trump et l’Europe tentent de bricoler des garanties de sécurité pour l’Ukraine sans adhésion formelle à l’Otan, la Russie augmente sa production de munitions, continue de bombarder et torturer les civils ukrainiens, et focalise son budget sur la guerre à long terme. Pas de paix prévue.

Et nous savons tous que toute garantie ou traité signé par la Russie ne vaut strictement rien :

• Le Mémorandum de Budapest de 1994 reconnaissait déjà la souveraineté ukrainienne ;
• En 2004, Poutine ratifia le traité sur les frontières ukrainiennes, Crimée comprise ;
• En 2008, il déclara n’avoir aucune intention de contester la Crimée ;
• En 2014, après avoir envahi la Crimée, il assura qu’il n’envahirait aucune autre région.

Vaines promesses.

Trump remet même en cause l’article 5 de l’Otan, pierre angulaire de l’alliance. Il a dit qu’il laisserait la Russie « faire ce qu’elle veut » aux alliés « qui ne payent pas assez ».

Mais lorsqu’ils proposent de payer, il n’est pas satisfait non plus.

Cherchez l’erreur.

L’objectif du Kremlin reste le même : transformer l’Ukraine en État-satellite soumis à ses ordres et russifié, comme le Bélarus sous Loukachenko ou comme ce que tentait Ianoukovitch en Ukraine avant la Révolution de la Dignité.

Pour Poutine, « l’effondrement de l’URSS fut la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle ». Lavrov, son ministre des Affaires étrangères, est ainsi arrivé en Alaska vêtu d’un pull « URSS ».

Le symbole est clair : Moscou rêve de reconstruire son Empire, qu’il soit tsariste ou soviétique ; ce qui nécessite la conquête de l’Ukraine, voire plus, comme les pays Baltes. Et ensuite, qui sait, l’Alaska, puis l’Europe « de Vladivostok jusqu’à Lisbonne » ?

Les Russes attendaient patiemment la victoire du « camarade Trump », et ils ont été servis : il veut désormais leur offrir tout le Donbass — pas seulement les zones occupées — une région solidement fortifiée. Si Moscou l’annexait, l’Ukraine perdrait une partie clé de sa défense future.

Munich, Sudètes, ça ne vous rappelle rien ?

Des concessions qui non seulement n’ont pas assuré la paix, mais ont au contraire facilité d’autres attaques et permis une guerre encore plus meurtrière.

Et maintenant ?

Pas de « plan de paix » autre qu’une liste de vœux de Poutine, inacceptable pour l’Ukraine.

Zelensky refusera, Trump l’accusera (à nouveau) d’être responsable de la guerre (qui a commencé en 2014 alors qu’il n’était qu’un jeune acteur russophone), Trump commencera à lever les sanctions et à restreindre la défense ukrainienne, et Poutine continuera de bombarder et torturer des civils.